Bonjour tout le monde,
Ça fait presque 2 semaines que je suis revenu de Seattle et je trouve enfin un peu de temps pour vous écrire. Non pas que je n'aime pas le faire, mais entre le travail, les pratiques, les tournois et un minimum de vie sociale, je ne trouve pas beaucoup de temps pour me brancher et écrire! Mais bon, comme ma mère me le dit lorsque je l'appelle après 2 ou 3 mois de silence: mieux vaut tard que jamais!
J'ai pris un vol à partir de Burlington, VT pour me rendre à Seattle. Beaucoup moins cher et malgré les 2 heures de route, pas tellement plus long. Je croyais avoir un vol sans histoire et pouvoir dormir un peu, mais ce ne fut pas le cas. À mi-vol environ, une femme se lève pour se rendre aux toilettes qui etaient juste à ma gauche. Juste avant d'ouvrir la porte, elle se met à vomir et s'écroule au sol en tremblant et se débattant. Scène plutôt horrible et très insécurisante. Comme dans les films, les agents de bord ont accourru en criant: "Y'a-t-il un médecin à bord?" Heureusement, une infirmière était tout près et s'est occupée de la pauvre dame qui ne se sentait vraisemblablement pas très bien. Je n'ai jamais su qu'est-ce qui a frappé cette femme, mais, une chose est certaine, je n'ai pas dormi du tout!
Je suis arrivé à Monroe (à environ 45 minutes de Seattle) vers 1 heure du matin. Le tirage au sort avait fait en sorte que nous ne débutions notre journée qu'à 11h50. J'avais donc un peu de temps pour dormir et être prêt pour un grosse journée. La température à Monroe ne pouvait être mieux. 30 degrés, sec, aucun nuage et un vent faible. Des conditions parfaites pour une journée parfaite. 7 équipes participaient au tournoi qui empruntait un format "round robin" suivi d'une finale entre les 2 meilleures fiches. Les équipes étaient toutes de la région à l'exception de PoNY qui avait le voyage de New York.
Le mont Rainier qui domine la région de Seattle. (Photo prise de l'aéroport.)
Nous étions 30 guerriers sur l'alignement pour le weekend. Le temps de jeu ne serait sûrement pas très élévé, mais encore une fois, je n'étais pas là pour me plaidre, mais plutôt pour travailler la chimie de l'équipe avant le grand rendez-vous du mois d'août. Tous les capitaines de Furious étaient présents. J'avais déjà rencontré Kirk Savage, Mike Grant et Oscar Pottinger à Cal State. J'ai eu le plaisir de faire connaissance avec Mauro Ortiz et Andrew Lugsdin, probablement un des plus grands joueurs de l'histoire du Ultimate canadien. À 39 ans, Luggy n'est certainement pas le plus jeune, mais il demeure une pière angulaire de Furious Georges et sans l'ombre d'un doute l'âme de cette équipe.
Sur les 4 matchs du samedi, seul Revolver et Sockeye nous ont offert de l'opposition. Revolver est une jeune équipe talentueuse, mais qui repose surtout sur 3 ou 4 joueurs d'exception. C'est probablement leur faiblesse d'ailleurs puisque lorsque ces joueurs sont neutralisés, le reste de l'équipe semble manquer de confiance et fait un bon nombre d'erreurs. Par contre, si leurs joueurs clés demeurent avec l'équipe et permettent aux autres de jouer à ce niveau encore quelques tournois, il faudra les prendre très au sérieux d'ici 1 ou 2 années. J'ai confiance de les voir en demi-finale ou même en finale à Sarasota beaucoup plus rapidement que certains semblent le croire.
Notre match contre Sockeye fut un match dont je vais longtemps me souvenir. Pas tellement par le résultat du match, mais plutôt à cause d'un certain Alex Nord. Nord est un des pilliers de Sockeye. En fait, ils sont tous exceptionellement bons, mais Nord est spectaculaire. Heureusement pour les autres équipes, ses lancers ne sont pas très menaçants, mais le reste compense amplement. Alex mesure 6'5" et fait penser à un projet gouvernemental pour citer mon ami Montpetit. Il court, il saute, mais surtout il fait peur! Il est la cible préférée de tous les handlers de Sockeye et est surement le meilleur joueur défensif de la planète. Il s'amuse à "sky-er" tout le monde et compte probablement 50% des points de l'équipe. Un athlète né, mais reste-t-il que se n'est pas vraiment pour cela que je vais me rappeler de lui.
Un de mes coéquipiers s'occupait de Nord alors que je couvrais un autre juggernaut des Saumons. Il était clair que tout ce que Sockeye cherchait était de la hucker à Alex. Mon joueur était plutôt inactif du côté fermé, tentant de laisser de l'espace au receveur étoile. Par contre, un joueur inactif n'est pas un joueur dangeureux ce qui me permettait donc de poacher profondément tout en invitant le lancer long pour Nord. Ce qui devait arriver arriva. Après une petite passe sur le long de la ligne, la longue que j'anticipais fut finalement lancée. C'était une passe de droite à gauche pour un Nord qui avait maintenant son couvreur dernière lui. Le seul hic était que j'arrivais de l'autre côté avec un bien meilleur angle et une bien meilleure vision. Le lancer n'était pas commode, une passe "bladdy" qui s'éloigne et qui prend de la vitesse. Plus je me rapprochais, plus je me disais que j'aurais à plonger pour l'intercepter. La bonne nouvelle était que le lancer s'éloignait encore plus de Nord que de moi. À quelques mètres du disque, j'ai donc plongé pour éteindre la menace une fois pour toute. Contre toutes attentes, une main immense est soudainement apparue sous la mienne, me devançant même pour le disque. Sous mon corps, à ce moment horizontal, se trouvait celui de Nord étendu et prêt à se battre pour le point. C'est après être atterri sur lui que je l'ai vu brandir le disque dans les airs pour signaler le point. Jamais dans ma carrière quelqu'un m'avait "volé" un disque d'une façon aussi spectaculaire. Nous avons perdu le match 10-8.
Furious qui se prépare à recevoir le disque lors de la finale. Remarquez les montagnes enneigées en arrière-plan.
Nous avions 2 matchs dimanche matin avant la finale. 2 parties que nous avons gagné assez facilement contre PoNY et contre les très connus Condors. Les Condors ne sont par contre plus ce qu'ils étaient et sont maintenant une équipe en complète reconstruction. La finale attendue entre Furious George et Sockeye aurait donc lieu. Pour une raison de logistique, nous avons dû changer de terrain pour le match ultime. Le nouvel endroit était beaucoup plus à découvert et le vent devenait alors un facteur déterminant. Nous avons commencé le match à l'offensive avec en plus le vent dans le dos. Sans trop qu'on ne comprenne pourquoi, le frisbee était soudainement dans les mains de Sockeye qui remontait le terrain sans aucune difficulté. En moins de deux, les Saumons avaient pris les devants 4-0. C'était incroyable de les voir jouer. Les éléments ne semblaient avoir aucune influence sur leur jeu. Ils huckaient aussi bien face que dos au vent, ils jouaient aussi bien long que court et surtout, ils montraient une défensive si hermétique que ni même John Hassel ni Mike Grant étaient capable de se démarquer. Nous avons perdu le match 15-6, mais si quelqu'un me l'avait demander alors, je lui aurais dit que nous avions perdu 15-0 tellement Sockeye a dominé la partie.
Je n'irais pas jusqu'à dire que Sockeye est invincible, mais ils ont définitivement une éthique de travail et une énergie sur le terrain qu'aucune autre équipe n'a. Il faudra travailler très fort pendant les Worlds pour pouvoir les battre. Il faudra jouer avec notre coeur et tout laisser sur le terrain. Il y a plusieurs façons de gagner dans le sport: il y a avec le talent et il y avec le travail. À talent égal ou même inférieur, il faut travailler plus fort que l'autre pour vaincre. C'est vrai dans tous les sports. Je ne crois pas que les Flyers de Philadelphie étaient plus talentueux que le Canadien lors des dernières séries de la Coupe Stanley. Par contre, ils ont travaillé plus fort que les montréalais et ont créé leurs opportunités. Comme Luggy nous a mentionné après notre cuisante défaite: "Vaut mieux perdre la finale à Seattle que de perdre la finale des Worlds. Par contre, d'ici ce temps-la, chacun d'entre nous devra trouver qu'est ce que nous devrons apporter à notre jeu pour gagner les Worlds. Si nous jouons de la même façon qu'aujourd'hui, perdre contre Sockeye n'aura servi à rien."
Je pars jeudi prochain pour Vancouver et compte bien vous écrire plus souvent et de là-bas. Vous pourrez toujours suivre les résultats en direct sur le site des WUGC.
À bientôt,
Eric
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